Trois quarts des femmes françaises concernées

Selon une étude IFOP diligentée par le magazine Elle en 2019, sur un échantillon représentatif de la population, seulement 24 % des Françaises affirmaient ne pas s’épiler le maillot du tout, tandis que 29 % allaient jusqu’à épiler les poils sur les lèvres.
Une pratique plus que courante donc et qui semble s’être intensifiée ; celle-ci se serait particulièrement généralisée chez les jeunes femmes qui assurent, pour plus de la moitié d’entre elles, se délester de leurs poils pubiens intégralement. Les raisons ? 38 % trouvent les poils du maillot inesthétiques, 24 % justifient leur choix pour des raisons sexuelles (comme le cunnilingus), et 18 % estiment que les poils reflètent un manque d’hygiène.
Des idées reçues que combat avec véhémence le Dr Jen Gunter, auteure de The Vagina Bible.

The Vagina Bible

Ce que conseillent les pros

Selon une étude menée par une équipe médicale américaine dès 2016, l’éviction des poils pubiens favoriserait l’apparition d’IST, les infections sexuellement transmissibles (source ici, en anglais). Un souci à ne vraiment pas prendre à la légère.
Interrogée par la BBC, la gynécologue insiste elle aussi et explique en premier lieu que l’épilation du maillot n’a rien d’hygiénique, bien au contraire. « Les poils pubiens ont une fonction, c’est probablement une barrière mécanique et une protection de la peau », alerte-t-elle, avant de prodiguer quelques conseils à celles qui souhaiteraient tout de même s’épiler.

> Tout d’abord, en cas d’épilation à la cire, la spécialiste recommande de s’assurer que l’esthéticienne ne replonge pas les bâtons de bois plusieurs fois dans la cire, ce qui pourrait propager les bactéries entre les clients.
> En cas de rasage, toujours utiliser un rasoir propre, préparer la peau de manière appropriée et pratiquer dans la direction de la pousse pour éviter d’augmenter le risque de poils incarnés, qui peuvent s’infecter.

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Et l’épilation définitive du maillot, bonne ou mauvaise idée ?

Mauvaise idée ! Interrogé par France Info en 2018, le gynécologue Jean-Marc Bohbot, auteur du livre Microbiote vaginal, la révolution rose, indiquait ceci : « Chez les femmes épilées, le risque d’attraper une IST [infection sexuellement transmissible, NDLR] comme de l’herpès, la syphilis ou des condylomes est multiplié par 2,6. Même pour des infections qui n’ont pas de rapport avec la peau, comme les chlamydias, le risque est multiplié par 1,7. » Ce qui n’est pas rien !
Le docteur Bohbot explique en outre en quoi l’épilation définitive comme l’épilation au laser se révèle vraiment néfaste. En effet, on détruit le follicule, ce qui engendre un assèchement de la vulve. Car les follicules sont autant de microglandes qui contribuent à la lubrification de la zone, soit un microbiote qui joue un rôle protecteur et équilibrant.

Poils et plaisir

Nombreuses sont les jeunes femmes qui pensent qu’un sexe glabre paraît plus excitant pour leur partenaire ; un préjugé directement hérité de l’imaginaire pornographique.
À celles qui pensent que l’épilation du maillot contribue à rendre leur sexe plus attrayant, le Dr Gunter rappelle également le rôle, encore trop souvent méconnu, des poils pubiens dans le fonctionnement sexuel. Chacun d’entre eux « est attaché à une terminaison nerveuse — c’est pourquoi il est douloureux de l’enlever », souligne la gynécologue. Ces derniers permettraient également de « piéger » les phéromones, et donc, d’amplifier l’excitation.

Alors, prêtes à jeter pour de bon votre dernier rasoir ou votre roll-on de cire ?